Des envies de lecture(s)?

Le Turquetto, Metin Arditi (2011)

Par DELPHINE LE BORGNE, publié le mercredi 10 juin 2015 10:02 - Mis à jour le mercredi 10 juin 2015 10:02

Ce roman débute par une note au lecteur particulièrement troublante :

« Il existe au musée du Louvre un portrait attribué à Titien, intitulé L'homme au gant, qui présente une curiosité ». Frappé par une anomalie sur la toile, un historien d'art aurait entrepris une analyse et aurait émis l'hypothèse que le tableau ne serait pas de la main de Titien. Il s'agirait de l'unique œuvre d'un des plus grands peintres de la Renaissance italienne, un élève prodige de Titien que lui même appelait « le Turquetto » (le petit Turc).

Voilà une entrée en matière qui suscite immédiatement la curiosité du lecteur.

Ce roman (car il s'agit bien d'une fiction !) propose d'aller à la rencontre de ce garçon, Élie, né de parents juifs en terre musulmane, à Constantinople, autour de 1519 . C'est grâce à Djelal, un fabriquant d'encre, qu'Élie découvre la calligraphie et qu'il commence à dessiner. Mais là-bas il est difficile pour lui de concilier vocation et religion.

« Je suis sûr que dans le monde entier il n'y a pas un seul enfant de ton âge qui puisse faire un aussi beau portrait. Mais la loi nous dit que nous ne devons représenter ni Dieu ni ses œuvres. Nous ne pouvons que reproduire les textes sacrés, avec humilité ».

A la mort de son père, Élie monte alors sur un bateau et part pour Venise, sous un nom d'emprunt pour pouvoir pratiquer son art.

Ce roman se construit en quatre parties. La première partie se déroule à Constantinople, lieu de naissance du peintre. La deuxième phase de sa vie débute quarante ans plus tard, à sa maturité, à Venise en 1574. Elie Soriano a changé de nom et est à l’apogée de sa gloire. « A Venise, le Turquetto n’était ni aimé, ni détesté, on le voyait peu. Mais chacun s’accordait à dire que ses tableaux provoquaient des émotions choisies, qui donnaient envie de silence. Que de tous les peintres de la ville, il était le plus grand. Supérieur au Titien et au Véronais ». Cependant, son destin et son passé vont le rattraper. Une tragédie surgit dans la vie d'Élie en 1576, qui permet d’expliquer le pourquoi de la disparition de ses œuvres si vénérées par Venise. Enfin la dernière partie s’achève à Constantinople en Septembre 1576.

Ce roman vous plongera au temps de la Renaissance italienne, vous fera voyager de Constantinople à Venise et éveillera votre imagination car il aborde les thèmes passionnants de l'art et du pouvoir, de la religion et de la réalisation de soi.

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